toponymesL'histoire d'une commune s'inscrit et se lit aussi dans ses toponymes. Même si la superficie de la commune des Montils est modeste au regard de ses voisines, les lieux-dits y sont très nombreux (voir carte). Ils témoignent des différentes phases d'occupation des territoires.
Commençons avec les racines celtes laisssées par nos ancêtres les Gaulois. Pas moins de six lieux-dits sont porteurs d'une appellation pouvant remonter à cette période lointaine : en tout premier lieu, Terrouenne (nom repris par une association culturelle locale), devenu Térouanne en 1698, provient de Teroüenne ou Terpenna, nom gaulois désignant une colline ou encore serait un nom divin, dérivé de Tarnos.
Les Carteries utilise la racine "Car" signifiant "pierre" (mais peut aussi être d'origine gallo-romaine, de manière moins probable), alors que Conon" peut dériver de Cnoc (hauteur) ou d'un anthroponyme gaulois "Connos".
La première partie du toponyme Artouillats peut trouver son origine soit dans arctos (ours) en gaulois, soit dans arcus, l'arche d'un pont en latin, soit encore de artica, friche en ibère ; le suffixe ate est d'origine gauloise.
Clairvaux reprend la racine "Clar" désignant un endroit plat.
Frileuse pourrait correspondre à des terres froides ou plus sûrement à un espace cultivé plat.
L'époque gallo-romaine va introduire les toponymes relatifs aux voies antiques et aux limites tels que le Gué du loup, les quatre vents (croisement ? Limite ?), la Roche (ancienne borne ?) ou la rue Creuse (ancien chemin ou fossé).
Le moulin de Rouillon prend son nom d'un anthroponyme Rupilus et celui de Souvigny (cité en 986) de Sauvé, Sylva ou encore d'un anthroponyme éventuel Silvinius. Plus tard, les invasions franques laisseront les Bordes, de Borda, petite maison, hutte puis ferme. Par la suite, les habitats anciens vont se signaler par les Bourgeons Rouges, la Croix Verte, les Roussières (de "roncier") et dans les Vieux Montils.
Les Perrières évoquent une carrière. La closerie devient la résidence des régisseurs au milieu du vignoble. Le clos est donc entouré de vignes (clos des Carteries, de Conon, des Pios). A partir du Moyen-Age, les fiefs apparaissent et se signalent par des châteaux : et tout d'abord "Les Montils" qui apparait la première fois en 1137 sous la forme "Monticios" désignant une motte de terre élevée. Certains historiens du siècle dernier ont voulu voir dans le nom de notre commune un "Mont Isis", lieu dédié à la déesse Isis. Cette proposition ne s'appuie sur aucune donnée historique ou archéologique et doit être, à notre point de vue, écartée.
Bel-Air, d'origine plus récente (fief en 1625), nous rappelle cette hauteur.
Conan (en 1334), et Frileuse (en 1615) sont les deux autres fiefs de la commune. La Croix de Pierre (ou de Saint-Pierre) figure dans les plus anciennes titulatures et constitue l'indice d'une très ancienne christianisation (1er siècle ?).
Saint-Lazare, situé sur la route nord-sud qui traverse la commune (ancien chemin de Charlemagne et voie gallo-romaine) pourrait être en rapport avec la Maison-Dieu du centre-bourg;
Pios (apparait en 1813) peut avoir diverses origines : peu probablement, ce serait un dérivé du latin "podium", endroit élevé ; mais aussi, il pourrait venir de l'ancien français "pion", piéton puis buveur, ou encore "piot", le petit de la pie ou enfin de "pial", hache, pic et aussi surnom du bûcheron. Notons que "piétrerie" est un nom de domaine dans l'Indre et ailleurs.
Les lieux-dits Janvier et Tue-boeuf sont révélateurs d'une tradition mythique ou folklorique. En particulier, le premier pourrait correspondre à des enfants trouvés ou baptisés en janvier.
La Mouillanderie (moyenderie en 1189) évoque des terres imbibées d'eau. A leur pied coule en effet le Beuvron dont l'origine gauloise ne faire guère de doute (bebros, castor).

Guy AUBOIRE
Ouvrages consultés : VIET J. 1983, "Pour l'étude archéologique et historique de la frontière ouest de la Sologne",
Thèse d'Université, Tours